La grande richesse des activités humaines du Pays basque, comme l’exploitation du sous-sol pour extraire le sel et le cuivre ou les pratiques agricoles typiques de la région, dépend de la diversité topographique du territoire. En effet, différentes roches affleurantes, qui réagissent chacune à sa façon aux phénomènes d’érosion, se sont formées à travers les millions d’années. Sur la base de l’histoire géologique de l’agglomération, on peut distinguer deux domaines principaux :

  • le domaine oriental des provinces de Basse Navarre et de Soule, un domaine rural du sud à l’aspect montagneux, qui culmine avec le Pic d’Orhy (2017 mètres)
  • le domaine occidental de la province du Labourd, avec son relief croissant qui part des plaines du nord, à proximité de l’océan, et arrive aux collines d’altitude, vers l’est et le sud, culminant avec l’Artzamendi (926 mètres) et la Rhune (905 mètres).

HISTOIRE GÉOLOGIQUE DU PAYS BASQUE

Le domaine oriental

Durant l’ère primaire (540 - 250 millions d’années) a lieu une étape fondamentale de la formation du domaine oriental, appelée par les géologues « orogenèse hercynienne ». En effet, entre 330 et 300 millions d’années, émergent les chaînes de montagne qui contribuent à la formation du supercontinent appelé Pangée. Les formations affleurantes plus anciennes, comme le massif de l’Ursuya (Précambrien - plus de 540 millions d’années) et les régions des Aldudes et du massif du Baïgura (Cambrien/Carbonifère – de 540 à 300 millions d’années) ont constitué le socle pour la formation de la chaîne hercynienne. Les produits de l’érosion de cette chaîne - conglomérats, grès, argiles - sont observables aujourd’hui vers Bidarray et Saint-Jean-Pied-de-Port.

En revanche, au cours de l’ère secondaire (250 - 65 millions d’années) la mer, qui avait disparu lors de la formation des chaînes montagneuses, réapparaît. Il s’agit d’océans peu profonds ; sur leurs fonds se déposent les restes d’êtres vivants donnant origine, au fil des millions d’années, à une épaisse plateforme carbonatée. C’est ici que se trouvent, aujourd’hui, deux fameuses attractions de la région : les gorges de Kakuetta et la grotte de la Verna.

Ensuite, des transformations géologiques ultérieures conduisent à la formation du bassin de Mauléon et à l’éloignement entre l’Aquitaine au Nord et l’Ibérie au Sud. Le sillon qui se creuse entre ces deux régions se remplit d’avalanches sous-marines appelées « turbidites », créant un dépôt que les géologues appellent le « flysch ». La « pierre de Bidache », intensément exploitée au XIXème siècle, est ainsi une turbidite.

Le domaine occidental

Le domaine occidental a une formation plus récente : les affleurements géologiques les plus anciens datent de 300 millions d’années (Permien). A cette époque, la chaîne de montagne préexistante commence à subir une forte érosion. Les débris formés sont, encore aujourd’hui, observables sur La Rhune, un des massifs emblématiques du Pays basque. En effet, des poudingues - roches composées de galets arrondis - et des grès en forme de grandes auges tapissent le sommet de La Rhune ainsi que d’autres massifs de la région. Les grès dits « de la Rhune » sont traditionnellement utilisés dans les constructions.

Dans ce domaine occidental, la mer revient également durant l’ère secondaire, mais seulement dans sa phase finale (Crétacé inférieur - 110 millions d’années). Dans ce cas aussi, une plateforme carbonatée discontinue et peu épaisse se dépose et le paysage ressemble aux récifs visibles aujourd’hui dans la carrière de Sare. De nombreuses grottes, comme celles de Sare ou d’Isturitz et d’Oxocelhaya qui seront occupées par nos ancêtres autour de 80 000 ans, se forment aussi dans ce contexte.

En outre, le sillon créé par l’écartement des plaques européenne et ibérique forme, ici aussi, le flysch. Cette formation affleure majestueusement sous forme de hautes falaises tout le long de la corniche basque. Ailleurs, dans les terres, les affleurements rocheux sont rares : le flysch est souvent altéré sous forme d’argiles, qui forment des vallons couverts de forêts ou de pâturages typiques du Pays basque.

LES VESTIGES D’UNE CATASTROPHE EXTRATERRESTRE

Il y a 65 millions d’années, à la limite entre les ères secondaire et tertiaire, a eu lieu une extinction de masse au cours de laquelle 65% des espèces végétales et animales se sont éteintes. C’est durant cet épisode catastrophique de l’histoire de la Terre que les dinosaures ont disparu, mais pas tous ! En effet, aujourd’hui une partie des dinosaures subsistent encore sous la forme d’oiseaux de toutes tailles, des grands vautours aux minuscules passereaux.

Si les causes de cette catastrophe sont multiples et encore à l’étude, on identifie comme cause ultime la chute d’une météorite au Mexique. Mais les traces de cet événement se trouvent également à des grandes distances et même au Pays basque ! Sur la plage de Bidart, par exemple, une petite couche argileuse - bien visible entre une série de marnes grises et un calcaire rose – contient un important dépôt d’iridium, un minéral naturellement rare sur notre planète.

CRÉATION DE LA CHAÎNE DES PYRÉNÉES

À partir de 40 millions d’années, les sédiments marins déposés au fil du temps subissent de profondes transformations dues à la collision entre la plaque européenne et la plaque ibérique. Une première phase de déformation provoque leur transformation en roches, qui seront ensuite cassées, plissées et redressées parfois à la verticale, comme on l’observe le long de la côte. Dans une deuxième phase, elles subissent une importante érosion. C’est ainsi que naît la chaîne des Pyrénées.

EROSION DE LA CÔTE BASQUE

Les magnifiques plages sableuses d’Anglet, des baies de Saint-Jean-de-Luz et d’Hendaye témoignent du transport du sable des Landes vers le Sud. En effet, les vents dominants d’Ouest créent des houles qui engendrent une dérive des sables côtiers vers le Sud, érodant ainsi les plages.

D’autre part, la côte rocheuse subit une érosion chimique par l’eau de pluie, étant donné qu’elle se charge en dioxyde de carbone dans l’atmosphère et devient légèrement acide. Ainsi, le calcaire du flysch est dissout et les roches dures transformées en débris - appelés « altérites » - s’éboulent ensuite, non sans conséquences sur les résidents de la côte.

De plus, l’océan a un petit rôle d’érosion mécanique, mais moindre en comparaison avec les phénomènes d’éboulements sur les parois en montagne. L’océan déblaie principalement les éboulements en pied de falaise.

UNE DIVERSITÉ GÉOLOGIQUE REMARQUABLE

La grande diversité géologique du Pays basque se reflète sur la richesse des écosystèmes et sur la biodiversité des espèces animales et végétales. Notre vie et nos activités sont étroitement liées aux éléments naturels, de la roche au fond marin jusqu’à l’insecte qui pollinise une fleur. Notre région et sa culture sont bien tributaires de leur géologie.

 

Galerie photos

Gorges de Kakuetta @Louis de Pazzis
Grandes stratifications des séries calcaires d’Âge secondaire du Pic d’Orhy @cpie littoral basque
Pierre de Bidache ou flysch formé par avalanches sous-marines @cpie littoral basque
Géologie - Crédit : ©Communauté Pays Basque_ CarolePro
Détail des grès de la Rhune cpie littoral basque
Pli de Ste Barbe à St Jean de Luz Crédit cpie littoral basque
Gorges de Kakuetta @Louis de Pazzis

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