Les Conservatoires Botaniques du Pays Basque suivent l’évolution de la flore locale et dressent des inventaires, dans le but d’améliorer la connaissance des espèces du département, de découvrir des stations florales d’intérêt patrimonial ainsi que d’identifier des sites à protéger. En particulier, des travaux menés sur la période 2014-2018 ont identifié des sites où se concentrent des espèces patrimoniales sur le littoral et le massif pyrénéen, ainsi que quelques « sites à enjeux » dans des zones humides.
LA FLORE LITTORALE
Vent, embruns, salinité, amplitudes thermiques et faible disponibilité en eau douce sont les conditions extrêmes qui rendent le littoral un milieux inhospitalier. Par conséquent, les habitats littoraux accueillent des espèces végétales fortement adaptées qu’il faut absolument préserver.
Récemment, le Conservatoire botanique Sud Atlantique a répertorié, sur la frange littorale, un nombre important d’espèces protégées. Environ un tiers (43 sur 131) des espèces protégées recensées à l’échelle du département sont présentes sur le littoral. Parmi elles, on peut admirer le seneçon de Bayonne (Senecio bayonnensis), la marguerite à feuilles charnues (Leucanthemum ircutianum subsp crassifolium) et le grémil prostré (Glandora prostrata). Ces derniers font partie de la flore des landes littorales à bruyères vagabondes et des pelouses aérohalines (exposées aux embruns marins).
LA FLORE MONTAGNARDE
Des pieds des montagnes jusqu’aux sommets, les conditions climatiques deviennent graduellement plus difficiles pour les êtres vivants. En effet, les plantes d’altitude sont constamment exposées à d’amples variations de température, à une forte exposition au soleil et au vent, ainsi qu’à d’intenses précipitations saisonnières et chutes de neige. Les stratégies que ces espèces ont mises en place pour survivre et s’adapter à ces habitats extrêmes les rendent uniques en leur genre, mais aussi vulnérables.
Si les chênes caducifoliés (Quercus petrae, Quercus robur, et Quercus pyrenaica) et le hêtre (Fagus sylvatica) recouvrent les collines et les montagnes, les milieux forestiers ne sont pas pour autant les seuls habitats naturels. Les crêtes, les ravins, les landes, les prairies et les pelouses font aussi la richesse du Pays Basque. De plus, la diversité du paysage est également façonnée par la présence et les activités des bergers et du bétail en estive. La succession d’habitats si différents favorise la présence d’espèces endémiques, comme les rares bec de grue de Manescot (Erodium manescavii) et géranium d'Endress (Geranium endressi).
Encore plus en altitude, dans les secteurs subalpins, se trouvent des plantes en coussinet. Ce port de la plante, caractérisé par une croissance en tapis, est une adaptation typique que les plantes de montagne utilisent pour se protéger du froid et conserver le maximum d’humidité. A titre d’exemple on peut citer l’androsace velue (Andosace villosa) et l’aspérule capillaire (Asperula capillacea). D’autres plantes ont également adopté une forme particulière pour être moins exposées au vent et profiter de la chaleur emmagasinée par le sol et les rochers : le développement en espalier. Par exemple, le saule des Pyrénées (Salix pyrenaica) est un arbuste qui pousse en rampant sur le sol.
LA FLORE DES COURS D’EAU ET DES ZONES HUMIDES
Le Pays Basque est riche en cours d’eau et zones humides telles que les tourbières et les fonds de ravin.
Ces espaces naturels, qu’il convient de protéger à cause de leur fragilité, abritent des espèces remarquables à forte valeur patrimoniale, comme par exemple la fougère vandenboschia speciosa (Trichomanes speciosum) ou la soldanelle velue (Soldanella villosa).
Certains milieux humides se trouvent dans des zones de montagne. Ces écosystèmes, créés par des conditions climatiques particulières, sont riches en biodiversité et donnent refuge à de nombreuses espèces rares et emblématiques. Ici vit une flore remarquable comme les sphaignes (du genre Sphagnum), les plantes carnivores du genre Drosera ou la narthécie des marais (Narthecium ossifragum).
D’autres zones humides en revanche sont recouvertes de bruyères. Les espèces typiques sont la bruyère à quatre angles (Erica teralix), la bruyère ciliée (Erica ciliaris) et la callune (Calluna vulgaris). Plus rarement on peut trouver la gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), une plante fondamentale pour son rôle écologique : ses pétales et feuilles hébergent les œufs d’une espèce de papillon menacé, l’azurée des mouillères (Maculinea alcon).
Enfin, parmi les milieux remarquables du Pays Basque, on peut citer les barthes, avec leurs petits cours d’eau historiquement utilisés pour l’agriculture. La barthe basse est composée d’une mosaïque d’habitats aquatiques et humides : forêts alluviales résiduelles, boisements marécageux et divers types de friches humides (mégaphorbiaies). Les riches cortèges floristique comprennent, par exemple, l’angélique des estuaires (Angelica heterocarpa) et la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris).
LA FLORE MARINE
Les spécificités de la côte basque (sa situation en fond de Golfe de Gascogne et son climat) sont à l’origine d’habitats marins singuliers, comme les habitats de récifs. En général, les habitats de la côte basque sont caractérisés par la présence de nombreuses espèces en limite d’aire de répartition (limite de la zone boréale ou sous forte influence méditerranéenne). Mais la végétation sous-marine du Pays Basque est également remarquable. Typique de cette zone, l’algue rouge du genre Gélidium, constitue le producteur primaire de l’écosystème du récif.
Un habitat naturel qu’est-ce que c’est ?
En Europe, la directive Habitats Faune Flore, définit la notion d’habitat naturel par « un espace homogène par ses conditions écologiques (compartiment stationnel avec ses conditions climatiques, son sol et matériau parental et leurs propriétés physico-chimiques), par sa végétation (herbacée, arbustive et arborescente), hébergeant une certaine faune, avec des espèces ayant tout ou partie de leurs diverses activités vitales sur cet espace ». Toutefois même si un habitat naturel est souvent formé par des conditions stationnelles (climat, sol, relief) et par une biocénose caractéristique aussi bien végétale qu’animale ce sont souvent les caractéristiques végétales d'un habitat qui sont retenues pour le définir et le décrire (de plus en plus souvent au moyen de la phytosociologie (discipline étudiant les communautés végétales et leur relation avec le milieu).
Ils peuvent être très vastes comme les forêts, les landes, ou très ponctuels comme les marres temporaires, tourbières. Les habitats naturels et les conditions écologiques dans lesquelles ils se développent sont étudiés par la phytosociologie qui est donc la science des groupements végétaux.
Ils peuvent être stables dans le temps (à l’échelle humaine) ou évoluer dans le temps en se succédant. Il est ainsi très fréquent de voir des pelouses évoluer d’abord vers des broussailles qui vont à leur tour être colonisées et remplacées par des forêts.
Protéger une plante implique de protéger son habitat.