DES FORÊTS EMBLÉMATIQUES
Le Pays basque est un territoire très riche en forêts, qui couvrent près de 75 000 hectares. Elles présentent un fort intérêt patrimonial naturaliste, historique et socio-culturel.
Pour commencer, ces forêts anciennes sont des véritables puits naturels de carbone, fondamentaux pour atténuer les effets du changement climatique. De plus, elles pullulent de biodiversité et offrent refuge à un cortège d’espèces rares dont certains coléoptères, les chauves-souris, les mousses et bien d’autres.
On trouve une grande variété de bois, chacun avec ses propres caractéristiques : les hêtraies de montagne, les forêts paysannes, les forêts de plaine et enfin les forêts « nouvelles », liées aux reboisements ou à l’abandon de terres incultes du pastoralisme.
En général, les forêts basques ont été exploitées, dans le temps, par différentes activités humaines. Aujourd’hui elles sont sous-exploitées ou même inexploitées depuis plus de 50 ans, comme par exemple celles vers le sud-est (Cize et Soule). Mais ces forêts sont également liées à la culture locale et la mythologie basque : on ne compte plus le nombre de mythes et légendes associées au milieux sylvestre du Pays basque, ce qui en fait des lieux privilégiés de visite.
LES FORÊTS DE MONTAGNE
Les randonneurs peuvent se promener dans la forêt d'Haira, en vallée des Aldudes, dans le massif forestier des Arbailles. Mais la forêt la plus remarquable est sans doute celle du massif d'Iraty, qui s’étend entre la France et l’Espagne. Avec ses 20000 hectares, dont 200 en France, elle est considérée la plus grande forêt à hêtres d'Europe.
Les forêts de montagne sont des habitats d’intérêt communautaire à cause de leurs caractéristiques propres à la montagne basque. Par exemple, la forêt des Arbailles est intégrée au réseau NATURA 2000, un outil de la politique européenne pour la préservation de la biodiversité.
LES FORÊTS DE PLAINE
Le Bois de Mixe est une forêt de plaine un peu moins connue mais remarquable. Elle occupe un espace de 655 hectares gérés par l’Office National des Forêts et abrite des essences variées, comme les frênes, les érables, les chênes rouges d’Amérique et les hêtres.
LES FORÊTS LITTORALES
Il existe également des forêts dites artificialisées, c’est-à-dire des anciennes plantations de pins, maintenues encore aujourd’hui à cause de leur intérêt écologique ou paysager. A titre d’exemple on peut citer les forêts du littoral, comme la forêt de Pignada ou celle du Lazaret à Anglet.
LES FORÊTS SYLVOPASTORALES
Enfin, plusieurs forêts d’origine humaine témoignent de la cohabitation entre activités agropastorales et sylvicoles. Par exemple, les forêts sylvopastorales du secteur de la Rhune au massif des Aldudes permettaient, à l’époque de leur création, d’associer besoin en bois de chauffage et pastoralisme.
Aujourd’hui les forêts d’Ustaritz, de Sare, d’Ainhoa et de Saint-Pée sur Nivelle sont des secteurs à fort intérêt patrimonial national voire international. Leurs vieux arbres abritent des insectes, des chauves-souris, des mousses, des lichens, des champignons et bien d’autres espèces à protéger.
Connaissez-vous les « trognes » aussi appelées « arbres têtards » ?
L’arbre têtard ne concerne pas une essence d’arbre en particulier, c’est une façon d’entretenir et d’exploiter les arbres. Au Pays Basque, les têtards sont surtout des hêtres, chênes ou châtaignais. La pratique consiste à couper toutes les branches plutôt que de couper l’arbre au pied. En étêtant les arbres il était possible de produire du bois tous les 10/15 ans sans couper au tronc. Jusqu’aux années 1900/1950, on pouvait trouver beaucoup d’arbres têtards au Pays Basque. Le bois produit était alors aussi bien utilisé pour nourrir les animaux, faire de la fougère à litière, que pour faire du bois d’œuvre ou de chauffage.
Les troncs des arbres têtards forment de nombreuses cavités et fissures qui sont autant de lieux de vie attractifs pour une faune variée qui s’y réfugie et s’y alimente : les passereaux insectivores, les rapaces nocturnes (chevêches, hulottes...) mais aussi les écureuils, loirs, martres et certaines chauves-souris, sans oublier les coléoptères se nourrissant de bois mort, dits coléoptères saproxyliques.